Bonjour Klyer,
Concernant le E85, voici des éléments en parcourant notamment différents documents dont notamment un rapport de mars 2021 intitulé
"Titre = PERSPECTIVES D’ÉVOLUTION DES BIOCARBURANTS JEUX DES ACTEURS ET ENJEUX FONCIERS
Auteurs : Olivier ANTOINE - Philippe COPINSCHI - Manfred HAFNER - Pierre LABOUÉ
Organisme : Observatoire de la Sécurité des Flux et des matières énergétiques"
que l'on peut retrouver sur le lien : https://www.defense.gouv.fr/content/download/626090/10405130/file/202103-biocarburants_acteurs_enjeux_fonciers_Energie-Rapport-7.pdf
Dont le plan est le suivant :
Préambule : du pétrole à l'éthanol / I-Comprendre les fondamentaux des biocarburants / II- Analyser les équilibres mondiaux jusqu'en 2021 / III- anticiper les ruptures et les risques à l'horizon 2029 / IV- Maîtriser la géopolitique des biocarburants/
Au-delà des aspects internationaux et stratégiques, il y a toute une partie de description des biocarburants, que je résume ici (copié/collé d'extraits):
A) Les 3 grandes générations des biocarburants
A1) Les biocarburants de 1ère génération
Ils sont tirés de produits agricoles également destinés à l’alimentation humaine ou animale : les plantes sucrières (betterave, canne à sucre), les plantes amylacées comme les céréales (maïs, blé) et les plantes oléagineuses (colza, soja, palme, etc.).. Ils sont produits à partir d’une biomasse qui entre en concurrence avec la consommation alimentaire, humaine ou animale, dont on utilise les organes de réserve où sont stockés le sucre, l’amidon ou l’huile afin de produire un carburant par transformation chimique. Filières de production
2 grandes filières : - La production d’éthanol par fermentation des sucres de plantes sucrières ou de plantes amylacées (dont l’amidon est converti en sucre), pour les carburants essences (le E85 rentre là-dedans).
- La production d’ester d’acides gras par trituration et transestérification des huiles de plantes oléagineuses, pour les carburants diesel. Maturité technologique
Elle a atteint un stade industriel. Il n’y aurait plus de programme de R&D significatif conduit par les laboratoires français sur cette technologie. Elle est très développée et représente la première source de biocarburants dans le monde. Le coût de production des biocarburants demeure plus élevé que les carburants traditionnels, qui doivent encore être soutenus par des politiques publiques.
Analyse
Le principal atout est leur niveau de maturité technologique, mais ce mode de production peut entrer directement en concurrence avec la production alimentaire et accroître les prix des denrées agricoles. La sécurisation des approvisionnements de matières premières pose également la question de l’usage de produits phytosanitaires de synthèse pour garantir la productivité des cultures.
A2) Les biocarburants de 2ème génération
Ils sont fabriqués à partir de lignocellulose (branches, tiges, troncs...), de résidus agricoles (paille) et forestiers ou encore de cultures dédiées comme le miscanthus ou le jatropha.
Maturité technologique
Elle demeure en grande partie au stade de démonstrateurs. La production mondiale de biocarburants de 2ème génération n’a pas encore démarré à grande échelle et aucune rupture majeure n’est anticipée à l’horizon 2030 par l’OCDE/FAO et l’Agence internationale de l’énergie. Analyse
Cela permet d’envisager une réduction des concurrences d’usages avec les filières alimentaires, même si les résidus agricoles telles que les pailles sont d’ores et déjà destinées à l’alimentation animale. De plus, ces biocarburants s’appuient sur des ressources potentiellement plus abondantes et plus diversifiées que pour la première génération, avec un coût de la biomasse plus faible et un meilleur bilan environnemental.
A3) Les biocarburants de 3ème génération
Ils sont produits à partir de micro-organismes (microalgues, levures, bactéries). Maturité technologique
Elle reste au stade de la recherche. Le démarrage d’une éventuelle production industrielle n’est pas anticipé avant 2030 d’après l’Alliance nationale de coordination de la recherche pour l’énergie (ANCRE). Trop d’inconnues entourent encore la production d’algocarburants pour estimer la viabilité d’une mise sur le marché à court ou moyen terme.
Analyse
Ils n’entrent pas en concurrence avec l’alimentation humaine et animale, leur production ne nécessite pas l’occupation de sols agricoles et n’entraîne aucune déforestation. Par ailleurs, la production d’algue requiert une ressource de plus en plus critique : le phosphore. Indispensable à l’agriculture car il entre dans la composition des engrais de synthèse, sa production dépend d’une ressource fossile, les roches phosphatées. Or, un pic de production pourrait être atteint dès 2030 pour être suivi d’un déclin voire d’une possible pénurie.
(Fin de l'exploitation du contenu du rapport précité)
En complément issu du lien : https://www.ecologie.gouv.fr/biocarburants
B) L'usage des biocarburants
Les biocarburants sont essentiellement utilisés en mélange avec les carburants d’origine fossile.
La distribution en station-service des biocarburants se fait de la façon suivante :
Les supercarburants SP95 et SP98 contiennent jusqu’à 5 % en volume d’éthanol ou 15 % en volume d’ETBE
Le supercarburant SP95-E10 contient jusqu’à 10 % en volume d’éthanol ou 22 % en volume d’ETBE
Le gazole B7 contient jusqu’à7 % en volume d’EMAG (esters méthyliques d’acide gras)
Le Gazole B10 contient jusqu’à 10% en volume d’EMAG
Le superéthanol E85 contient entre 65 % et 85 % en volume d’éthanol
C) Conclusion
De tout cela, j'en conclue que les biocarburants de type éthanol ou ETBE (éther éthyle tertiobutyle C6H14O) sont issus des biocarburants de 1ère génération. Ils détournent les terres agricoles de leur vocation alimentaire et favorise une agriculture intensive, industrielle et ultrachimique (avec ses conséquences environnementales). Cela engendre des désastres au Brésil (déforestation en Amazonie), en Indonésie et la Malaisie (huile de palme entraînant des plantations industrielles et la déforestation des forêts d'origine. Des ONG en octobre 2021 avaient écrit une tribune sur le journal "Le Monde" intitulée "Pour le climat et la biodiversité, sortons des biocarburants de première génération" dont on peut retrouver le contenu sur le site de Greenpeace sur ce lien : https://www.greenpeace.fr/pour-le-climat-et-la-biodiversite-sortons-des-biocarburants-de-premiere-generation/
Le carburant E85 bénéficie (honteusement) d'une fiscalité très allégée de la part de l'état, ce qui explique son prix très avantageux. Choix de type "clientéliste" pour certains lobbys agricoles (betteravier, céréalier). Mais au vu du contexte climatique et du risque alimentaire, cela est assez scandaleux.
Selon moi, pour ces raisons sociales, sociétales et environnementales, conséquences des externalités, il vaut mieux se tenir éloigné du bioéthanol et du carburant E85.